Le prochain « big bang » des noms de domaine suscite espoirs et inquiétudes

Près de 400 nouvelles extensions ont déjà été validées par l'Icann, dont «.paris », et 1.400 pourraient voir le jour.
Certains secteurs se montrent inquiets de cette évolution, mais de nouveaux services pourraient suivre.

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La révolution approche. Le processus d'ouverture de nouvelles extensions de noms de domaine Internet en est à peu près à la moitié. Et l'Icann, l'organisme qui gère les noms de domaine et a voulu cette réforme, tient pour l'instant son calendrier. Près de 400 premières extensions ont été validées, certaines devraient être opérationnelles début 2014. C'est notamment le cas des extensions françaises «.paris » créée par la Ville de Paris et «.bzh » créée par la région Bretagne. Au total, ce sont 1.400 nouvelles extensions qui pourraient être créées, à partir de noms génériques comme le «.hotel », de noms d'entreprises (le «.sony » ou «.apple ») ou de localités géographiques. Un changement profond, au vu de la vingtaine d'extensions qui existent à l'heure actuelle, de l'écrasant «. com » au «.org » en passant par les récents «.xxx » pour les contenus adultes ou «.cat » (pour la Catalogne), en plus des extensions nationales comme le «.fr ».

Gros enjeux commerciaux

Première conséquence de cette vague sans précédent : il sera désormais presque impossible de défendre sa marque sur tous les terrains. Une entreprise pourra difficilement réserver son nom de domaine dans 1.400 extensions différentes, avec les coûts que cela entraîne. Autre inquiétude, relayée par plusieurs professions ces dernières semaines : la multiplication des litiges et l'appropriation de marques ou de noms par des tiers qui n'en ont pas forcément la légitimité. Les professionnels du vin ou de l'hôtellerie se sont notamment émus de la possible gestion des extensions «.wine » et «.hotel » par des sociétés commerciales, même si des mesures de protection des marques existent.

Cette ouverture devrait néanmoins booster un marché en perte de vitesse. Certaines extensions prévoient d'atteindre plusieurs centaines de milliers de noms en l'espace de quelques mois. Et leurs gestionnaires ne vont pas hésiter à déployer d'importants moyens marketing. « Mais le succès du programme dépendra de la capacité à créer des services autour, affirme Matthieu Weill, directeur général de l'Afnic, qui gère le «. fr » et travaille avec la Ville de Paris et la région Bretagne pour ces nouvelles extensions. Il faudra savoir fédérer une communauté et apporter des services à valeur ajoutée. » Dans le cas parisien, un portail des musées de la ville pourrait ainsi être créé sur le nom de domaine musees.paris, un service de réservation de taxis sur taxi.paris, etc. Des personnalités parisiennes et des entreprises liées à la capitale vont aussi être contactées dans les prochaines semaines pour devenir partenaires du projet et réserver leur nom de domaine en « .paris » dès l'ouverture.

Des dossiers français

Parmi les autres dossiers français déposés devant l'Icann, plusieurs entreprises ont vu leur demande acceptée et devraient être en mesure de lancer leur propre extension dans les mois à venir. C'est le cas d'AXA, Arte ou encore Hermès.

Les dossiers continuent d'être examinés par l'Icann jusqu'à l'été. Une fois la liste complète des extensions validées, des phases de protection des marques seront instaurées pour chaque extension. Les marques pourront alors faire valoir leurs droits, avant même le lancement commercial. Une fois le système ouvert au public, elles auront encore la possibilité de contester les dépôts.

N.Ra.

Source : https://www.lesechos.fr/entreprises-secteurs/tech-medias/actu/0202784158...
Écrit par Nicolas RAULINE
Journaliste
nrauline@lesechos.fr