Interview de Cédric Soufflet (GCS e-Santé Picardie) sur l'expérimentation concluante des bornes DMP

Cédric Soufflet est chef de projet au GCS e-Santé Picardie. Dans le cadre de l’appel à projet « Déploiement du Dossier médical personnel en région » lancé par l’ASIP Santé en 2011, il a été à l’initiative de la mise en place, dans plusieurs établissements de santé, de bornes de création de DMP. Retour sur une expérimentation concluante.

Comment est née cette idée de borne permettant la création de DMP ?

Le GCS eSanté Picardie, impliqué depuis le début dans le déploiement du DMP a souhaité innover dans le cadre de son programme de déploiement. Il nous semblait essentiel de pouvoir permettre à certains établissements de s’inscrire dans la dynamique du DMP même s’ils ne disposaient pas d’une solution de gestion administrative DMP-compatible. Par ailleurs, nous pensions que le DMP ne devait pas être uniquement proposé aux patients inscrits dans un parcours médical. La borne répond à ces deux enjeux : elle permet à un établissement de santé de s’inscrire dans une démarche de promotion du DMP et à tout assuré social de créer de manière autonome son DMP en dehors de toute démarche médicale.

Techniquement parlant, quels sont les éléments clés de ce projet ?

D’un point de vue technique, les éléments fondamentaux ont porté sur le développement d’une interface « Homme-Machine » qui soit simple et proche de ce qui existe déjà dans les bornes actives de la SNCF et des banques. Le principe est que le dispositif de borne DMP, doit « autonome » au niveau technique, cette fonctionnalité lui permettant d’avertir la personne responsable du dispositif lorsqu’elle rencontre un dysfonctionnement.

De quelle manière avez-vous réussi à mener à bien le projet ?

Tout d’abord, nous avons élaboré un cahier des charges détaillé pour réaliser la borne. Puis nous avons retenu, à l’issue d’un appel d’offres un groupement composé de trois sociétés (Inovelan, Ultimédia, Ingenico Healthcare/e-ID) et d’un GIP (le Groupement d’Intérêt Public MiPih). Puis, pour implanter les bornes de « manière intelligente » dans les 11 établissements volontaires (10 en Picardie et 1 en Franche Comté), nous avons étudié et analysé le parcours des patients. Enfin, après avoir adaptées et optimisées les implantations en fonction de cette analyse, nous avons accompagné et suivi les établissements. Nous avons également mis en place des outils d’évaluation des usages de ces bornes, ce qui nous a permis d’en améliorer en continu les fonctionnalités . Dans l’ensemble de cette démarche nous avons bénéficié d’un appui constant de l’ASIP Santé.

Quels enseignements avez-vous pu tirer ?

Selon l’étude menée en continu, « 96% des personnes ayant créé un DMP depuis une borne se sont déclarées « satisfaites » du processus : il est perçu comme simple et rapide (1 min 30 environ).De même, le choix de l’implantation des bornes a une grande incidence sur leur usage. Sur les sites où la borne est le seul vecteur de création de DMP, les volumes sont plus importants comparés aux autres (où les DMP peuvent également être créés à l’accueil ou dans le services). En termes d’organisation, la borne n’est pas « autoporteuse ». Elle se déploie de manière systémique : il faut en effet inscrire le déploiement dans un process intégrant de la communication, de la formation et des « accompagnateurs » qui aident et orientent les personnes intéressées, notamment au démarrage, et qui assurent une animation sur le lieu d’implantation : le DMP ne bénéficie pas encore d’une notoriété suffisante auprès du grand public pour que l’usage des bornes d’information et de création se déploie de manière autonome. Cette expérimentation a permis de mettre au point une solution industrialisable.

Qu’espérez-vous maintenant ?

Cette expérimentation a démontré l’intérêt et la faisabilité de la création de DMP sur des bornes interactives: elles offrent ainsi un moyen d’accélérer le déploiement du DMP. On pourrait aller plus loin en imaginant une borne qui offrirait un bouquet de services ou en proposant aux établissements d’intégrer l’information et la création de DMP dans leurs propres bornes multiservices.Ces innovations pourront être développées avec la relance du DMP.

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