Le Smartphone, votre collaborateur électronique

Les bases de données médicamenteuses continuent de figurer au hit-parade des applications mobiles préférées des médecins. De nombreux autres types d’applis complètent le panel et l’on peut se fier aux recommandations de confrères testeurs.

Le Smartphone a massivement pris place au cabinet médical en à peine quelques années. Le médecin-mobinaute est généralement possesseur d’un iPhone (66 %). Il laisse son Smartphone allumé en consultation (86 %), voire y répond (81 %), d’autant qu’il communique son numéro aux patients (un médecin sur deux). Il en fait généralement (94 %) un usage mixte, personnel et professionnel.

Base de données médicamenteuses, FMC

  • Largement en tête des applications médicales mobiles qu’il apprécie le plus, on trouve, sans surprise, les bases de données médicamenteuses. Les médecins avaient en effet déjà adopté ce format à l’époque de l’ancêtre du Smartphone, le PDA (Personal Digital Assistant).
  • Si elles sont peu téléchargées, on peut aussi noter que les applications de formation médicale continue (FMC) font partie des plus utilisées. Une enquête de l’association Isidore, publiée en juin 2014, montre que les professionnels de santé téléchargent, dans un tiers des cas, des applications mobiles qu’ils utilisent sur d’autres supports.

Autre enseignement, de l’« Observatoire des usages numériques en santé » : les deux tiers des professionnels de santé se disent prêts à payer pour une application mobile, base de données médicamenteuses ou recommandations de bonnes pratiques. Une proportion qui témoigne de la valeur apportée par ce type d’applis, notamment lorsque l’on peut se fier à leurs éditeurs.

Dmdpost : une évaluation par 700 bénévoles

C’est en effet le manque de confiance dans la fiabilité de la myriade d’applications déversées sur le marché (plus de 100 000) qui contribue à en freiner l’usage. Une observation qui a convaincu Guillaume Marchand, interne en psychiatrie au CHU de Rouen, de se lancer, en 2013, avec un confrère généraliste et un ingénieur, dans la constitution d’une plate-forme d’évaluation des applications de santé mobiles (dmdpost), qu’elles soient destinées au grand public ou aux professionnels.
Les institutions, tant françaises qu’européennes, ont, depuis, ouvert le débat de la régulation qui devrait s’appliquer à la santé mobile. Ira-t-on vers une labellisation des applis ? Quel type d’évaluation mettre en place le cas échéant ? Dans l’attente de cette régulation, étudiée notamment par la Commission européenne et à laquelle s’attèlent, en France, la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) et le Conseil national de l’Ordre des médecins (CNOM), les médecins peuvent commencer par se référer à l’appréciation apportée par les quelque 700 contributeurs de dmdpost. Bénévoles – mais passionnés – ils sont en effet chargés de scruter chaque application selon treize familles de critères, notamment : la stabilité de l’application, l’exploitation des données, le prix, le rapport qualité-prix, l’ergonomie, le design et l’intérêt.

Une note et une fiche détaillée

Il en résulte une note globale sur 20 et une fiche d’évaluation détaillée qui présente l’appli et ses fonctionnalités ; elle précise qui en est l’éditeur et développe l’analyse de ses caractéristiques, points forts et points faibles. Peuvent s’y ajouter des commentaires ou questions d’utilisateurs. Les logiciels apparaissent de façon aléatoire en page d’accueil de dmdpost, mais il est possible de les repérer par le moteur de recherche ou via quelques filtres : selon le système d’exploitation (iPhone, iPad, Android, Windows), le public visé (professionnel de santé ou non), la catégorie de professionnel, etc.

Des appli ≥ 16/20

On peut alors faire le tri entre les applis qui ne passent pas l’examen et celles qui méritent d’être recommandées. Quelques exemples parmi les solutions mobiles qui ont recueilli au moins 16 sur 20 : un Guide des thérapeutiques inhalées dans l’asthme et la BPCO chez l’adulte, un Atlas d’anatomie humaine, un Guide pratique de médecine interne, un calculateur médical, dont l’ergonomie est réputée parfaite, la base de données sur les médicaments BCB Dexther…
Guillaume Marchand relève cependant qu’il reste de nombreux champs à explorer, certaines spécialités comme l’orthopédie, la pédiatrie, la neurologie, ou encore l’endocrinologie, souffrant d’un réel manque d’offres en langue française. Êtes-vous prêts à vous transformer en testeurs ?

Dominique Lehalle
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