Le cloud d'Amazon, plus rentable que son activité d'e-commerce

Contrairement aux attentes des analystes, Amazon gagne bien de l’argent dans le cloud computing. Et ce business se révèle même plus rentable que son activité principale d’e-commerce. De quoi bousculer les idées reçus sur l’infonuage.

C’est une grande surprise. Contrairement aux attentes des analystes, Amazon gagne bien de l’argent dans le cloud computing. C’est ce qui ressort de ses résultats trimestriels publiés le 23 avril 2015. Pour la première fois, le groupe de Jeff Bezos a décidé de dévoiler les chiffres de son activité d’infonuage, qu’il cachait auparavant dans la rubrique fourre-tout "Autres".

Lancée en 2006, cette activité affiche un revenu de 3,1 milliards de dollars en 2013 et 4,6 milliards de dollars en 2014, soit une progression de 50%. En dépit de la guerre des prix imposée par Google, elle a généré en 2014 un bénéfice d’exploitation de 660 millions de dollars. Et l’année 2015 se présente sous de bons augures puisque le chiffre d’affaires atteint 1,57 milliard de dollars au premier trimestre et le bénéfice d’exploitation 265 millions de dollars, contre respectivement 1 milliard et 245 millions de dollars un an auparavant.

Sur les douze derniers mois (jusqu’au 31 mars 2015), le chiffre d’affaires se monte à 5,16 milliards de dollars, ce qui met Amazon au coude à coude avec Salesforce, l’autre leader mondial du cloud computing au revenu de 5,37 milliards de dollars pour son dernier exercice fiscal, clos le 31 janvier 2015.

Le cloud n'est pas une activité à perte

Plus surprenant encore, le cloud d’Amazon se révèle plus rentable que l'activité principale du géant de Seattle : l’e-commerce. Il affiche une marge d’exploitation de 14% en 2014 et 17% au premier trimestre 2015, contre 2 à 3% pour l’activité de distribution en ligne. Il croit aussi bien plus vite : +50% contre +13%. On comprend alors l’ambition de Jeff Bezos de faire du cloud un business aussi grand à terme que son e-commerce. Aujourd’hui, il représente seulement 7% du chiffre d’affaires global du groupe.

Ces résultats ont de quoi bousculer l’idée reçue selon laquelle le cloud est synonyme de perte. C’est du moins la perception de beaucoup d’analystes qui tendent à extrapoler à Amazon la situation de Salesforce. Ce dernier peine en effet à gagner de l’argent. On ignore la situation de Microsoft, IBM et Google, les trois autres grands acteurs du marché. Les deux premiers indiquent leurs chiffres d’affaires dans le cloud computing, mais pas le résultat d’exploitation. Oracle, dont le chiffre d’affaires dans l’infonuage a dépassé les 2 milliards de dollars sur une base annuelle, se targue d’être rentable. Larry Ellison, son-cofondateur et directeur technique, ne manque pas une occasion pour le marteler : "Contrairement à d’autres (entendez Salesforce, Workday, NetSuite…), nous sommes bénéficiaires." Comme quoi, il est possible d'être petit sur ce secteur et de gagner de l’argent.

Ridha Loukil
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