E-administration dans le monde : le point sur la carte d’identité numérique

Maillon essentiel du parcours citoyen, la reconnaissance d’identité, et par extension la carte nationale d’identité, s’invite sur internet et remplace petit à petit le login sur les plateformes d’État.
En projet depuis de nombreuses années en France, la carte d’identité numérique n’est pas encore sortie des dossiers. Sommes-nous tellement en retard par rapport aux autres pays du monde ? La carte d’identité numérique est-elle courante ailleurs ? Le point sur la situation à l’intérieur et à l’extérieur de nos frontières.

Mettons d’abord au clair la notion de carte d’identité digitale. Ce document ne signifie pas la même chose d’un pays à l’autre ; parfois, une carte d’identité perçue comme digitale est en réalité une carte d’identité biométrique. Toutefois, il est communément admis qu’une carte est personnelle, reconnaissable, privée et lisible avec ou sans support. Dans cet état des lieux, nous ne mentionnons pas les éléments qui constituent chaque carte d’identité numérique, mais gardez en tête que les cartes d’identité numérique varient d’une région à l’autre.

L’identité est un droit bien plus complexe qu’il n’y paraît. Dans le monde, on recense pas moins de 1,1 milliard d’êtres humains sans document d’identité. Le temps de la carte d’identité digitale pour tous est encore loin devant nous. Toutefois, on note des efforts sur toutes les régions de la planète.
De l’identification en ligne à l’adoption complète de la carte d’identité numérique

L’ensemble des États nommés dans cette section répond à un même objectif : la carte d’identité numérique sert avant tout à réaliser plus de démarches soi-même (sur le mode self-service), plutôt qu’à assurer une meilleure sécurité lors d’un parcours digital.
Les régions ont donc d’abord mis en place des portails qui offraient plus de possibilités qu'auparavant. En France, on pense notamment à Ameli qui permet de réaliser de nombreuses demandes en ligne ou le site internet des impôts qui reçoit déclarations et paiement pour les entreprises.

De nombreux pays avancent petit à petit
Sans être arrivés à la parfaite reproduction numérique de la carte d’identité, de nombreux pays prennent le pli d’une dématérialisation des démarches et des identifications.
La Nouvelle-Zélande développe son service Digital Identity, tandis que le Danemark couple l’identification en ligne et l’État plateforme. L’eID card hongroise valide la signature électronique d’un document, alors que le Royaume-Uni pose un cadre légal sur l’identité en ligne.

|FOCUS| La France, sur le chemin de la carte d’identité numérique

Longtemps évoquée, la carte d’identité numérique française avance pas à pas.
En 2019 est sortie la plateforme Alicem, une solution d’identité numérique régalienne. Cadre juridique, sujet d’expérimentation du parcours utilisateur, source de consultations publiques… Alicem remplit plusieurs fonctions. La plateforme intègre le service Franceconnect.
Août 2021 voit la sortie de la nouvelle carte d’identité physique qui intègre une puce pour être lisible sur des terminaux numériques dans les collectivités et établissements publics.
Cette première marche devrait nous amener, courant 2022, au test du service public d’identité numérique nommé France identité numérique. Via une application, les citoyens pourront donner une procuration, fournir un justificatif d’identité ou justifier de leur majorité.

Enfin, certaines régions sont très avancées
La eID Card allemande permet aussi bien de s’authentifier sur les sites d’État que sur ceux de son assurance ou de sa banque. Elle fonctionne sur internet, sur les terminaux en libre-service des administrations ou les distributeurs automatiques.
Avec la carte My Number, le Japon propose une pièce d’identité qui permet de s’identifier sur les sites administratifs. Multifonctions, la carte My Number peut remplacer une carte de bibliothèque ou de tiers payant selon les territoires. Les Japonais peuvent également connecter leur carte bancaire à leur carte My Number.
L’État d’Oman propose une carte qui donne accès à plusieurs services : enregistrer une entreprise ou informer d’une recherche d’emploi, voter au conseil municipal ou encore, regrouper ses rendez-vous médicaux.
Bien évidemment, la liste se complète avec la Norvège, les Pays-Bas, et la championne de tous, l’Estonie. Leurs e-ID permettent de réaliser quasiment tout en ligne, de façon sécurisée et traçable.

Le paradigme de la carte d’identité digitale

La carte d’identité digitale est porteuse de bien des surprises : elle se développe dans des régions où la citoyenneté n’est pas automatique et parfois, elle est portée par des systèmes bancaires et non d’État.

L’ID digitale n’est pas un sujet propre aux gouvernements

Lorsque que les États ou leurs infrastructures n’arrivent, ou ne souhaitent, pas recenser leur population, des ONG prennent en charge l’identification des citoyens.
Au point parfois de monter un projet pluri-partenarial international pour accompagner ou créer des structures sur le terrain et se faire porte-voix de la cause.
C’est le cas du projet ID2020 qui rassemble 28 organisations publiques, privées et non gouvernementales du monde entier. Lutte pour la protection des données, désilotage des registres, reconnaissance du droit à l’identité… Le projet démarré en 2016 continue d'œuvrer pour un système plus inclusif.

Mené avec plus ou moins d’enthousiasme et de moyens, le projet de carte d’identité numérique semble prendre la même direction, quel que soit le pays. Cet élément d’identification représente le dernier maillon évident dans un monde où login et cyberattaques sont légion. Plus de plateformes numériques, plus de risques, plus de besoins en ligne… Tout mène à la carte d’identité numérique.
Toutefois, sa gestion représente un risque à ne pas négliger, à la différence du Royaume-Uni et de son projet Verify, abandonné quelques mois après avoir vu le jour, puis ressorti à l’occasion de la crise de la Covid-19. Pour ne pas suivre le même chemin, il est essentiel d’intégrer l’ensemble des enjeux technologiques et humains.

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